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Risque grave au S3C : quand le modèle économique de la DRT et du LETI met les équipes en danger

COMINAT du 09 décembre 2025

Déclaration CFE-CGC SICTAM au Comité national du CEA sur la situation du Service des Composants pour le Calcul et la Connectivité (S3C) du Département Composants silicium (DCOS) de l’institut LETI de la DRT.

Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les membres du Comité National,

La CFE-CGC SICTAM souhaite alerter le Comité national du CEA sur les conclusions extrêmement préoccupantes du Rapport d’expertise pour risque grave – S3C, remis le 14 novembre 2025 au CSE de Grenoble.

Au-delà des constats locaux, ce rapport met en lumière les effets délétères du modèle économique de la DRT et du LETI, modèle qui, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, met en tension les équipes, fragilise les collectifs de travail et alimente un risque grave avéré pour la santé des salariés.

L’expertise souligne en effet que le LETI fonctionne dans une contradiction structurelle qui consiste à produire de l’innovation stratégique pour la souveraineté technologique du pays, tout en opérant avec des moyens humains et budgétaires tendus, dépendants de financements externes instables. 

Cette dépendance aux projets, aux partenariats et aux appels d’offres crée, de fait, une course permanente aux financements, une pression continue pour multiplier les engagements, une compétition interne accrue entre thématiques et laboratoires, une incapacité à stabiliser les effectifs et les compétences clés.

Ce modèle économique n’est plus soutenable pour les équipes opérationnelles.

On constate alors une inflation du nombre de projets, autrement dit le financement pilote l’organisation. Sous l’effet direct de ce modèle, les personnels du S3C, en particulier au LTI3D (laboratoire des Technologie d’Intégration 3D), sont affectés à un nombre de projets sans rapport avec les capacités réelles de travail. Le rapport d’expertise met en évidence l’implication du personnel sur 3,9 projets en moyenne, et jusqu’à 9 projets simultanés pour certains salariés

Cette dispersion extrême n’est pas le résultat d’un dysfonctionnement local, mais la traduction mécanique d’une logique économique qui valorise le volume de projets engagés plutôt que la soutenabilité du travail.

L’expertise décrit des processus en salle blanche longs, fragiles, dépendants de ressources rares et de machines instables, impossibles à “accélérer” sans dégrader la qualité et la santé des équipes

Pourtant, le modèle de la DRT et du LETI exige de tenir toujours plus de jalons, toujours plus vite, pour honorer les partenariats et maintenir les financements, indépendamment de la réalité technique et humaine. Cette logique alimente directement le risque grave identifié.

Le rapport décrit encore une perte de sens, une défiance grandissante envers l’encadrement, un effondrement du collectif au LTI3D, des conflits de valeurs liés notamment à l’impact environnemental de certaines activités.

Ces tensions ne sont pas uniquement managériales : elles sont structurelles, car elles découlent d’un système où les objectifs financiers conditionnent les priorités opérationnelles, sans prise en compte suffisante des limites humaines.

Le cas du LTI3D est le symptôme le plus visible du modèle actuel et la crise que traverse ce laboratoire est explicitement décrite comme le résultat d’un enchaînement de choix organisationnels, aggravés par un événement managérial mal géré (non-reconduction du chef de labo), vécu comme une humiliation publique

Là encore, c’est le modèle économique fondé sur la multiplication des engagements qui a poussé ce laboratoire au point de rupture.

Les experts recommandent des mesures qui ne visent pas seulement le S3C, elles interrogent le modèle global de la DRT et du LETI.

Le rapport établit clairement que la situation du S3C n’est pas un accident, mais le résultat d’un modèle économique qui met en concurrence les thématiques, intensifie le travail, fragilise les collectifs et dégrade les conditions de travail.

Les mêmes questions se posent concernant l’institut CEAtech en Région, à bout de souffle, ses plateforme régionales de transfert technologiques et les salariés qui y travaillent. 

En conséquence, les élus de la CFE-CGC SICTAM demande au Comité national :

  • D’ouvrir un débat stratégique sur la soutenabilité du modèle DRT / LETI.
  • D’engager une révision de ce modèle pour réduire la dépendance aux financements externes et garantir la stabilité des équipes.
  • D’exiger que toute stratégie d’innovation intègre désormais une évaluation formelle de l’impact sur la santé et les conditions de travail.
  • De suivre la mise en œuvre des recommandations du rapport d’expertise, qui ne traitent pas seulement d’un service, mais révèlent un problème systémique.

La santé des salariés, l’avenir des équipes et la performance scientifique du CEA, et plus particulièrement de la DRT, en dépendent.

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